Tribune parue sur Entreprendre le 12/07/2022
Alors que Le Parisien consacre sa Une aux affrontements du Conseil de Paris, le président du Think Tank Etienne Marcel prend acte de la nouvelle donne politique dans la capitale et trace un chemin pour aboutir aux compromis politiques que les Parisiens attendent de sorte que les quatre années 2022-2026 soient utiles afin de mieux vivre et travailler à Paris.
Une nouvelle donne politique
A Paris, les législatives 2022, la présidentielle 2022 et les municipales 2020 présentent des continuités avec les précédents scrutins. Les Parisiens se sont massivement abstenus – par sentiment d’inutilité de l’alternance, de méfiance vis-à-vis des politiques, de déconnexion avec les problèmes réels ou encore de désengagement social plus large. Le changement réside néanmoins dans une nouvelle bipolarisation : à l’Ouest, La République en Marche (LREM) a remplacé Les Républicains (LR) – cette translation de LREM de l’Est vers l’Ouest correspondant à l’évolution politique et sociologique de son socle électoral ; à l’Est, La France Insoumise (LFI) et Europe Ecologie Les Verts (EELV) ont remplacé le Parti socialiste (PS).
Dans la capitale, comme dans d’autres grandes villes, mais à rebours des évolutions nationales, l’échiquier politique local penche ainsi de plus en plus à gauche, avec une gauche plus radicale et une droite plus modérée. Et la fracture territoriale Est / Ouest séparant gauche / droite perdure.
Passer à une culture du compromis
Les habitants et les divers acteurs de la capitale aspirent résolument à mieux vivre et travailler à Paris. Ils ne veulent pas – et souvent ils ne peuvent pas – s’offrir le luxe d’années perdues dans une guerre de positions partisane. Cette nouvelle donne politique ne saurait ruiner les quatre années à venir de la mandature dans des affrontements politiques stériles. Plus que jamais, ces années doivent être utiles !
Il faut donc tenir compte de cette nouvelle donne via une démarche “intégrant” le légitime conflit politique. Ce qui implique d’évoluer, d’une culture municipale de l’affrontement à une culture du compromis. Loin d’être une contrainte, cette nouvelle donne politique pourrait alors être l’opportunité d’une ouverture renforcée du Conseil de Paris en direction de l’ensemble des parties prenantes de l’action municipale – les Parisiens, les forces vives de la capitale, l’État, les collectivités voisines, etc.
Un exemple à ne pas suivre
Bien sûr, le stationnement payant des deux-roues thermiques en surface qui entre en vigueur en septembre 2022 contribuera à améliorer la lutte contre les diverses pollutions que les deux-roues thermiques génèrent dans l’espace public parisien et qui sont de moins en moins tolérées en ville. Il devrait aussi encourager la généralisation du deux-roues électrique. De même, chacun peut se féliciter de l’entrée en vigueur à partir de 2023 du contrôle technique obligatoire bisannuel des deux-roues motorisés, afin d’améliorer la sécurité routière et la lutte contre les pollutions évitables, tout particulièrement celles émises par de petites cylindrées, un enjeu majeur de santé publique en zone urbaine.
Mais les élus parisiens auraient pu et dû saisir l’occasion de cette réforme du stationnement pour faciliter – enfin et significativement ! – l’activité des entreprises qui opèrent une flotte de deux-roues à Paris. L’usage du deux-roues est en effet très fréquent chez les entrepreneurs et leurs salariés pour leurs déplacements dans Paris. Pour soutenir les alternatives aux véhicules thermiques individuels, il faut aussi aller plus loin en mettant fin aux politiques de mobilité punitives et en améliorant tous les vecteurs de l’intermodalité responsable à Paris.
Partenaires de confiance
Pour fluidifier et renforcer la communication entre les acteurs économiques et les institutions, il serait utile et opportun de mettre en place auprès de la Mairie de Paris un conseil économique, social et environnemental municipal (“CESEM”) composé de représentants patronaux, syndicaux et associatifs.
De même, il faudrait prendre l’initiative forte d’organiser des “états généraux de la démocratie et de la sécurité économique à Paris”, avec l’ensemble des parties prenantes concernées, de sorte que l’activité économique et l’image de Paris ne soient plus les victimes collatérales des violences trop souvent perpétrées en marge des manifestations dans la capitale. Cette initiative est d’autant plus à propos que Paris accueillera dans les prochains mois plusieurs manifestations sportives internationales à fort enjeu sécuritaire.
Une fois n’est pas coutume et pour conclure, la politique municipale pourrait s’inspirer de la politique nationale. Parce que la confiance ne se décrète pas, elle pourrait être construite projet par projet, texte par texte, par toutes les forces politiques du Conseil de Paris qui partagent la volonté de réformer la Ville et de travailler pour l’intérêt général des Parisiens.
Bernard Cohen-Hadad
President du Think Tank Etienne Marcel
L’idee d’un CESM est interessante pour faire dialoguer la societe civile sur des sujets d’importance et rechercher des solutions en commun. Par contre, je ne suis pas sur que la politique nationale soit une référence pour Paris.
Politique nationale conduite par une majorité présidentielle qui choisit, sélectionne ses interlocuteurs selon les circonstances et qui ne reconnait pas à tous ses membres le meme droit de débattre sur le fond et de proposer des solutions partagées.
N’est ce pas le propre de la Democratie que de debattre pleinement avec toutes les composantes de la societé ?